De Beaux Baux Bio !

1ère appellation 100% bio, les Baux-de-Provence prend une longueur d’avance. Dès le millésime 2023, tous les vignerons de l’AOC seront certifiés en agriculture biologique. Le goût de l’époque et le sens de l’histoire.

On savait les Provençaux opiniâtres et un peu rebelles, on les découvre pionniers et fins stratèges. La petite appellation des Baux-de-Provence comptait déjà à son actif la quasi totalité de ses domaines en bio – le climat aidant – mais la conversion de l’ensemble de ses acteurs est une nouveauté. Certes, il est plus facile de mettre d’accord 11 vignerons que pléthore de viticulteurs, négociants et coopérateurs d’appellations plus étoffées. Cela dit, la démonstration a ses vertus d’exemplarité et ouvre une voie à l’imitation… Bien d’autres pourraient se sentir obligés de lui emboîter le pas, on peut aussi rêver qu’y renoncer vaudrait dans quelques temps un contre-sens historique. La certification bio, un engagement minimal, devenu in fine obligatoire malgré elle ? C’est bien tout l’enjeu des débats actuels.

Une viticulture plus propre, plus vertueuse, plus respectueuse de l’environnement, en phase avec son temps devient une nécessité ; plus que cela : une évidence. Que ceux qui pensent encore pouvoir y échapper se mettent en ordre de marche car il n’est plus question d’adhérer ou non à la cause. Aujourd’hui, il est question de faire, et à quelle échéance.

En cela, les Baux-de-Provence enclenchent une dynamique. Un passage obligé qui rendra peut-être caduque le AB vert au dos de la bouteille car on n’y prêtera même plus garde lorsque toutes l’afficheront. Caroline Missoffe, présidente de l’appellation, espère en tout cas donner un joli coup de projecteur à cette appellation discrète qui regorge de pépites et de vins bien calibrés, notamment des rouges frais et de longue garde et des blancs suaves, dignes de beaux accords. 

En bref
AOP depuis 1995
233 hectares
Production : rouges (53%), rosés (39%), blancs (8%)

Ma sélection de cuvées délicieuses, à retrouver sur le Figaro.fr

Mas de la Dame, Coin Caché Rouge 2020 – 26€ // 93/100
Les vignes octogénaires de grenache, liées à 20% de syrah, accomplissent ici sur l’une des plus anciennes parcelles du domaine, un magnifique provence, juteux, franc et sensuel. Doté d’un élevage habile en barriques, sans effet boisé, il offre une grande finesse de tanins, un jus sobre, parfaitement calibré et élancé, où les fruits noirs dominent. La finale mentholée clôt sur une note énergique fort probante.

Mas Sainte-Berthe, La Chapelle Rouge 2018 – 15,50€ // 92/100
La cuvée haut de gamme du domaine, élevée un an en barriques avec un tiers de bois neuf, joue la modernité dans une expression droite et assurée, à la tonalité mentholée. La maturité du fruit est parfaite, le bois assuré sans excès, formant un ensemble très efficace, qui plaira à tous. Un vin élégant et très accessible.

Domaine Dalmeran, Cuvée Château Rouge 2020 – 22€ // 91+/100
Le nez toasté, légèrement épicé, laisse place à une trame suave et délicate, marquée par les baies noires avec une touche fumée et viandée. Le coeur de bouche reste fin, élégant et énergique, étiré par une belle finale. Un vin élégant, à laisser vieillir ou à associer à une canette, des côtes d’agneau au thym ou des paupiettes de veau.

Domaine des Terres Blanches, Cuvée Aurélia Rouge 2018 – 23€ // 91/100
Si le nez commence à truffer, accompagné d’une touche d’olive noire, la bouche reste impeccable de jeunesse, fraîche, élégante, cernée de beaux tanins. Le secteur nord des Baux prouve ici son efficacité, sur des sols argilo-calcaires adossés à la chaîne des Alpilles. Une jolie bouteille à associer à un carré d’agneau, une volaille truffée ou juste rôtie et pommes grenaille.

Château Romanin, Grand Vin Blanc 2021 – 24,50€ // 91/100
A majorité de rolle, adjoint de roussanne, de grenache blanc et de clairette, ce joli blanc concis, franc et fruité offre une matière enrobée et des notes pâtissières très plaisantes. Liant gourmandise et tension, avec un bon équilibre, il ira parfaitement sur un poisson à la crème, une viande blanche ou des fromages de chèvre.

Château d’Estoublon, Rouge 2018 – 25,50€ // 90/100
Sur le versant sud des Alpilles, ce vaste domaine également réputé pour ses huiles d’olive, livre un joli rouge à dominante de syrah, élevé en barriques, en amphores béton et en cuves. En résulte un vin cossu et généreux, parfaitement servi par son élevage, à attendre encore quelques temps avant de l’apprécier sur une daube provençale ou un filet de canette aux airelles.

Domaine de Métifiot Blanc 2021 – 25€ / 90/100
Un jus énergique et probant, bâti autour d’une alliance de rolle, roussanne, marsanne et grenache blanc, qui navigue avec aisance entre fraîcheur et trame charnue. On appréciera ce blanc équilibré, avec une sensation légèrement tendre en finale mais toujours bien droit, sur un poisson cuisiné au four ou des fromages de chèvre. 

Mas de la Dame, Coin Caché Blanc 2021 – 26€ // 92/100
Cet assemblage de roussanne, rolle et clairette est un enchantement, livrant un jus gourmand, bien proportionné, généreux et frais à la fois. élevé et fermenté en barriques, il déroule une trame ample et cossue, jamais marquée par le bois, qui navigue efficacement entre fraîcheur, finesse et consistance. La finale légèrement mentholée fera la liaison sur un poulet à la citronnelle.

Mas Sainte-Berthe, La Chapelle Blanc 2021 – 14€ // 92/100
La version Blanc 2021 de la Chapelle, à base de rolle, roussanne et grenache blanc, convainc pareillement, déroulant toute la gourmandise d’un fruit mûr à point, délicieusement croquant, au caractère juvénile réjouissant. Les barriques de 400 litres, sans bois neuf, apportent confort et amplitude, quand la trame reste aiguisée, sobre et droite, parfaitement cadencée. Un remarquable rapport qualité-prix pour l’appellation ! A privilégier sur une brouillade aux truffes ou un poisson à la crème.

Cet article est paru dans le Figaro.fr

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