Appellation vedette du nord rhodanien, Côte Rôtie voit sa cote – et ses prix – s’envoler. Dans un marché d’Ampuis reformé après Covid, 63 domaines présentaient leurs cuvées aux amateurs de tous horizons. J’y ai glané ces incontournables à déguster tranquillement.
Domaine Benjamin et David Duclaux, Côte Rôtie Maison Rouge 2020 – 68€ // 95/100. Somptueuse ! Cette pure syrah sur gneiss domine la dégustation de la tête et des épaules ; on est charmé par ce jus gainé, au boisé fin, à la fois concentré et puissant sans qu’aucun stigmate de l’élevage – 20 mois en barriques avec un tiers de fûts neufs – ne transparaisse. Un récital de naturel, d’harmonie et de complétude. La finale mentholée de grande persistance clôt en beauté la dégustation.
Coteaux de Tupin 2019 – 117€ // 96/100. Cette pure syrah est d’une classe folle ! Sélection parcellaire de 3 ha en terrasses, au lieu-dit Tupin, elle fut réalisée pour la première fois en 2018. 100% vendange entière, vinifiée et élevée 24 mois en barriques, sans l’once d’une trace d’élevage grâce à des fûts soigneusement choisis, elle révèle un délié et une élégance suprêmes, un grain de tanin ultra soyeux et une finale mentholée qui rapporte de la fraîcheur. D’une finesse extrême, précis et de grande allonge, voilà ce qu’on appelle un grand vin.
Domaine Nicolas Champagneux, Côte Rôtie Les Grandes Places 2020 – 72€ // 95/100. Les serines plantées par l’arrière grand-père, forcément des vignes centenaires, forment un jus haletant, d’une vibration magique. Riche, corsée, d’un chic absolu, cette côte-rôtie fend l’espace et s’étire avec classe. Un corps athlétique parfaitement sculpté par un élevage sobre, des tanins fins et juteux, une finale sur le menthol : d’une profondeur et d’une complexité impeccables ! En attendant sa maturité suprême, portez-vous sur La Dédicace (38€, 93/100), tramée avec rectitude.
La Dédicace 2020 – 38€ // 93/100. Tramée avec rectitude, portée par un élevage de 20 mois sans fûts neufs, elle assure un jus long, gainé, à la finale mentholée très fraîche. Une réussite qui joue de ce millésime riche et sait prendre la tangente.
Domaine Pierre-Jean Villa, Côte Rôtie Fongeant 2020 – 120€ // 95/100. 100% vendange entière, cette pure syrah de côte brune, élevée pendant deux ans, joue dans la cour des grands. A ce stade précoce, elle arbore un profil enveloppant, sphérique, aux tanins enrobés et crémeux. Tout les éléments du succès sont déjà là, prêts à se déployer dans une matière veloutée, aux tanins ravissants, sans excès ni d’élevage ni de puissance.
Carmina 2021 – 63€ // 93/100. Dans les limbes à ce stade de jeunesse, cette syrah avance un jus riche, carré, séveux, cerné encore par son élevage. Le tri a été plus que nécessaire en cette année compliquée, pour livrer au final une superbe syrah, peut-être moins veloutée et enrobée que sur 2020, mais plus gainée et serrée, profilée dans la longueur. Une alternative intéressante, surtout à table où ce jus frais et étiré fera la parade.
Domaine Patrick et Christophe Bonnefond, Côte Rôtie Dans les Vignes de mon Père 2020 – 75€ // 94+/100. Voici le 2e millésime de cette cuvée vinifiée par Léa Bonnefond, une côte-rôtie réalisée en 100% vendange entière avec 6% de viognier. D’une finesse exemplaire, elle déroule un jus complet, très abouti, marqué par une finale mentholée très précise. Le 2021 suit avec la même rigueur, avec toujours cette pureté de style et cette grande fraîcheur. Pour l’attendre, on prendra Les Rochins 2021 (60€ // 93/100), de grand confort avec beaucoup de vibration et un tanin enveloppant. Un domaine modèle sans aucune fausse note.
Les Rochins 2021 – 60€ // 93/100. Issue d’une vigne plantée en 1947, cette côte-rôtie installe un jus de métronome, affable et posé ; profond, long, magnifiquement tramé, ce vin concilie fraîcheur et consistance, tirant le meilleur de ce millésime froid. Un très beau cour de gamme de ce domaine valeureux, et qui vieillira bien.
Domaine du Monteillet – Stéphane Montez, Côte Rôtie Fortis 2020 – 50€ // 94/100. Imparable, ce rouge à 95% syrah se montre fin et onctueux, terriblement accessible déjà et charmeur dans cette parade encore juvénile. Ne vous fiez pas à cette évidence ; derrière pousse un jus droit, gainé, longiligne, de grande prestance, qui saura tenir la distance sur au moins dix ans. Dans le même esprit, un cran au-dessus en terme de raffinement floral, on s’emparera de la cuvée Bons Arrêts 2020 (75€ // 95/100).
Bons Arrêts 2020 – 75€ // 95/100. Sélection d’un hectare en Côte Blonde avec 95% de syrah, cette cuvée s’ouvre sur de superbes notes florales dans un style délié et aérien extrêmement plaisant. A rebours du millésime, elle installe un jus de grande finesse, toujours délicat et étiré, à l’allonge très fraîche. De longue garde, on pourra l’ouvrir assez tôt tout de même, pour profiter de ce raffinement floral juvénile.
Domaine Mathieu Chambeyron, Côte Rôtie L’Angeline 2020 – 49€ // 94/100. Issue d’une petite parcelle sur Chavaroche et du lieu-dit Les Moutonnes, cette pure syrah régale d’un fruit hyper délicat aux accents fumés et lardés. D’un charme fou, avec une rigueur et une droiture idéales, cette côte-rôtie ne laissera pas indifférent, avec une finale très fraîche. Superbe rapport qualité-prix pour une cuvée de ce registre qui flirte avec les plus renommées de l’appellation.
Chavaroche 2020 – 55€ // 94/100. Sélection parcellaire sur Chavaroche, issue du tri des meilleurs raisins, cette cuvée réalisée pour la première fois en 2018 aligne une consistance folle. Avec 30% de vendange entière qui détend l’ensemble, elle déploie un jus cossu, ferme, épaulé, ne virant jamais dans l’excès, ni de puissance ni d’élevage. Toujours sur la ligne de crête entre finesse et structure, ce vin en impose et saura attendre.
Domaine Georges Vernay, Côte Rôtie Blonde du Seigneur 2020 – 60€ // 94/100. Une cuvée métronome de l’appellation qui, sur ce millésime complet, trouve une parfaite expression de finesse dans une matière pourtant cossue et puissante. Les parcelles de maison-rouge, lancement et bassenon imposent ainsi leur cadence, entre délié, raffinement et fruit intègre.
Domaine Bonserine, Côte Rôtie La Garde 2019 – 85€ // 94/100. Dans un registre moderne, avec un élevage consistant mais sans ostentation, cette syrah déroule un jus ultra frais. Les tanins suaves et complets, la trame cossue, aux notes fumées, trouvent une voie idéale entre puissance et finesse. La finale mentholée porte une longue rémanence ; une côte-rôtie qui n’est qu’aux prémices de sa course et qui vieillira bien. Pour l’attendre à moindres frais, on pourra se rabattre sur La Sarrasine 2020 (42€), plus immédiate.
La Sarrasine 2020 – 42€ // 92/100. Côte Rôtie classique, finement tenue par l’élevage sous bois, elle offre un corps ample, des tanins fins, un jus cossu sans excès. une très belle entrée en matière qui pourra se déguster d’ici 3 ou 4 ans et sur quelques années supplémentaires.
Guigal, Côte Rôtie Château d’Ampuis 2019 – 95€ // 94/100. Une cuvée métronome qui, chaque année, et ce quelle que soit la réussite du millésime, tape au milieu de la cible. L’élevage long de 38 mois, cher à la Maison, qui permet de goûter aujourd’hui un vin de trois ans de vendange (contre deux habituellement), offre une assise solide et un côté bois de santal assez chic. Richement constitué, concentré, cerné de tanins soyeux, cette côte-rôtie est un incontournable de l’appellation. Elle est issue de sept parcelles qui jouxtent les mythiques Landonne, Mouline et Turque, avec 7% de viognier dans l’assemblage.
Domaine Jean-Michel Gerin, Côte Rôtie La Viallière 2020 – 65€ // 93/100. Une adresse phare, toujours régulière, qui propulse cette cuvée florale, épatante de soyeux et de finesse, offrant beaucoup de fraîcheur et déjà une certaine gourmandise. Pour monter d’un cran en étoffe et matière, on ira sur Les Grandes Places 2020 (100€ // 95/100), offrant un confort riche et un grand jus enrobant, ou La Landonne 2020 (170€ // 95+/100), naviguant intelligemment entre puissance et finesse.
Les Grandes Places 2020 – 100€ // 95/100. Onctueuse, riche et de grand confort, cette cuvée suprême née d’un terroir de feu joue la carte de l’attente. Dans ce millésime complet et juste, l’attendre semble une évidence, mais déjà se profile une silhouette d’athlète, dans une trame enrobée, jamais dépassée par son élevage. Une côte-rôtie d’étoffe et de matière, à savourer de longues années.
Domaine Xavier Gérard, Côte Rôtie Le Mollard 2020 – 71€ // 93/100. Cet assemblage de 94% syrah et 6% viognier plantés sur des schistes ne retient que les raisins les plus mûrs et les plus concentrés. Avec un quart de vendange entière sur ce millésime, il profile un jus charnu, profond et satiné, où les fruits noirs dominent, avec en toile de fond un élevage enveloppant qui ne contraint jamais le vin. Une très belle découverte. 1500 bouteilles produites.
Domaine Garon, Côte Rôtie Sybarine 2021 – 37€ // 92+/100. Avec 8 ha sur l’appellation, ce domaine façonne des côtes-rôties modèles dans un style sobre et classique. Celle-ci affiche la suavité et l’évidence d’un millésime frais, dopé ici par un bon tri en amont, donnant à boire un jus fin, délié, légèrement épicé, à la trame dentelée. Un vin rapidement accessible, offrant un visage contemporain et serein de cette partie du Rhône. Plus cossue et apte à la garde, la cuvée Lancement 2020 (150€ // 94/100), mais aussi beaucoup plus chère.
Domaine Mouton, Côte Rôtie Enomis 2020 – 35€ // 92/100. Dans un style classique et posé, voilà une très jolie côte-rôtie délicate et ajustée, cernée par un fruit pur, toujours scintillant. Il y a suffisamment de fond pour l’envisager sur la décade, avec une volaille rôtie ou une côte de veau. Un très beau rapport qualité-prix pour l’appellation.
Domaine Patrick Jasmin, Côte Rôtie La Giroflarie 2020 – 40€ // 92/100. Cette cuvée classique de l’appellation en offre une illustration probante, autour d’un fruit juste et de tanins élégants. Les 95% de syrah élevés en barriques durant deux ans proviennent de 14 parcelles éclatées sur 12 lieux-dits ; tous les types de sols sont ainsi conviés, formant un profil fidèle et sage de Côte Rôtie.
Le marché aux vins d’Ampuis se tient chaque année le 3e week-end de janvier à Ampuis.