On connaissait les parents, Jean-Louis et Andrée Trapet, oeuvrant à Gevrey-chambertin et à Beblenheim en Alsace, voici la génération suivante, incarnée par les deux fils de la maison. Pierre, l’aîné, 30 ans, fortement impliqué sur le vignoble alsacien et Louis, son cadet de deux ans, bien ancré en bourgogne. Les frères ont réuni leur force en 2018 lorsque l’occasion s’est présentée pour Louis de reprendre 1,80 hectare de vignes de son beau-père, sur Auxey-Duresses. En tandem avec Pierre, il s’efforce de réhabiliter ces vieilles vignes, avec conversion aux cultures bio et biodynamique à la clef.
Ce petit paradis de la Côte de Beaune, coincé entre Auxey, Saint-Romain, Meursault et Pommard, propulse 9 cuvées – 6 blancs et 3 rouges – sur un terroir de poche. 2020 est le premier millésime de la fratrie et j’ai eu la primeur de ces cuvées tout juste écloses, pas encore commercialisées et à peine finies d’étiqueter.
Le résultat est fort probant, dans un style moderne et lisible qui n’épargne pas quelques incursions plus originales comme la macération ou le passerillage. La dégustation commence avec deux des trois aligotés produits : un classique, un en macération de trois semaines et demi, et un dernier issu de raisins passerillés (qui n’était pas à la dégustation ce jour-là). Les très vieilles vignes de 1934 exposées nord, contiguës à celles de Lalou-Bize Leroy, offrent une belle profondeur et une grande chair, portées par le millésime complet. La version macérée « Aligoté – Sous Châtelet » est très intéressante, avec une légère pointe oxydative, tout en subtilité, et une sensation tannique et nerveuse qui apporte beaucoup de relief au vin. Son alter ego classique, issu de la même parcelle est plus filant, droit et épuré, avec une bonne dynamique de bouche.
L’Auxey-Duresses Blanc 2020 est issu de deux mini-parcelles, Les Fosses (calcaires) et Les Hautes (sols plus argileux et plus profonds). Un ensemble pur, tenu par une bonne chair, de la densité et une jolie rémanence mentholée en fin de bouche.
Le Meursault Les Vireuils 2020, exposé côté nord, est marqué par son élevage avec, pour ce premier millésime, un dosage un peu insistant sur le bois neuf. Mais on reste dans l’esprit du lieu, avec de la gourmandise, une matière charnue et toujours une belle énergie.
Quant aux rouges, deux Auxey-Duresses et un Pommard, ils complètent bien le tableau. Une petite préférence pour le 1er Cru d’Auxey-Duresses : 20 ares seulement sur deux parcelles, offrant un jus clair, filant et nuancé, au fruit noir pénétrant. Plus délié et raffiné que son acolyte en village.
Enfin le Pommard Les Vaumuriens 2020 est bien installé dans le style classique de l’appellation, dessinant parfaitement le clocher carré du village : tout en muscle, c’est un vin athlétique, aimable et porté par un bon fruit mûr et 30% de vendange entière. Un vin généreux et moderne qui vieillira bien.
Pour un premier pas sur ces terroirs, voilà une belle lignée de cuvées où l’on sent toute l’application et le soin apportés par leurs protagonistes. Des raisins très mûrs, la recherche d’expositions nord, l’altitude, la complémentarité des terroirs entre calcaires et terres plus argileuses façonnent des vins impeccables, avec de la matière et de l’éclat, des vins sans couture qui affineront leur style au fil des millésimes.