Valeur sûre du Rhône nord, Saint-Joseph s’arroge les préférences des amateurs soucieux de bons crus au meilleur prix. Moins chère que ses voisines Côte Rôtie ou Condrieu, l’appellation voit sa cote monter en flèche : c’est le moment ou jamais d’en profiter. Suivez notre sélection de rouges, 1er volet de cette épopée avant des blancs scintillants de fraîcheur !
Terre opiniâtre suspendue entre coteaux et terrasses, Saint-Joseph est une dure au coeur tendre. Sur la rive droite du Rhône, pris dans les méandres du fleuve, l’appellation glisse ses rangs de vignes et s’éparpille entre des sols, des climats et des territoires variés. S’ils semblent faire bloc, ils constituent un ensemble contrasté, ponctué d’enclaves rebelles au granite, d’expositions diverses, et autant de climats. L’étendue de l’appellation – 60 km du nord au sud, entre Côte Rôtie et Cornas – et les tempéraments vignerons qui la composent forgent toutes ces différences.
De cette mosaïque de caractères émergent des rouges et quelques blancs plus confidentiels. Des vins qui affichent leurs ambitions et dont les plus réussis n’ont rien à envier à leurs voisins ultra cotés. Entre Crozes-Hermitage et Côte Rôtie, les rouges de Saint-Joseph trouvent une voie médiane liant matière et finesse ; les blancs jouent de leur rareté et de leur fraîcheur, parés à point pour la table.
Savourez ces cuvées encore abordables que j’ai dénichées pour vous au cours d’une dégustation parisienne. Ce sont 8 rouges précieux à goûter en priorité !
Les Terriens, Grand Vin des Terriens, Rouge 2020 – 29€ // 92/100. Une syrah sur granites qui s’acclimate bien de ces coteaux exposés sud et sud-est, tirant profit de la belle qualité du millésime et d’un élevage soigné mêlant barriques et demi-muids de 600 litres. Conseillée par Pierre-Jean Villa, cette adresse confidentielle recèle toujours des vins réguliers et épatants, comme ce rouge ample, frais et juteux, qui ne demande aucun effort de compréhension ; cerné par un boisé habile, structurant sans maquiller, il ne cède pas aux sirènes de la modernité tout en affichant un caractère d’universalité évident. La copie parfaite pour découvrir la syrah de Saint-Joseph ! Idéal dès cet hiver avec une daube ou une joue de boeuf confite, à boire tranquillement ensuite sur la décennie.
Domaine Pierre et Jérôme Coursodon, L’Olivaie, Rouge 2020 – 34€ // 93-94/100. Valeur refuge de Saint-Joseph, ce domaine continue de briller et dégaine un splendide 2020. Les vieilles vignes, les coteaux pentus, l’élevage cossu en barriques avec 15% de bois neuf forgent une syrah contemporaine parfaitement profilée ; notes lardées délicates, fruit explosif, trame onctueuse bien cernée par le bois, sans ostentation : ce jus enveloppant offre des tanins crémeux, extrêmement séducteurs, qui feront l’unanimité. Un cas d’école.
Cave de Tain, Esprit de Granit, Rouge 2019 – 28,05€ // 91/100. Acteur incontournable du Rhône nord, cette dynamique coopérative a prouvé son efficacité. Sur cette cuvée, elle joue la sécurité, assurant un jus cossu, à l’élevage assumé, non dénué de fraîcheur et de tension. C’est parfaitement exécuté, généreux, servi par un millésime riche assurant l’envergure souhaitée. Une belle bouteille à attendre encore un peu pour escorter une épaule d’agneau confite aux olives ou une entrecôte.
Domaine du Tunnel – Stéphane Robert, Rouge 2021 – 27€ // 93/100. Figure phare de Cornas et Saint-Péray, Stéphane Robert a gardé un pied sur Saint-Joseph où il exécute avec la même précision et le même soin des cuvées rayonnantes de fruit. A l’instar de cette syrah de grand équilibre, élégante et posée, étirant un jus frais, dynamique, au fruit juste, de belle profondeur. Une très jolie bouteille dont la force sera de plaire à la fois aux amateurs chevronnés autant qu’aux béotiens avides de sensations justes. Fraîcheur, pureté, élégance ne peuvent que mettre tout le monde d’accord.
Domaine Emmanuel Darnaud, Liu-dit La Dardouille, Rouge 2021 – 32€ // 92/100. Gendre de Bernard Faurie, Emmanuel Darnaud trace son sillon avec la même réussite et la même vista. Bien implanté sur Crozes-Hermitage où il régale de syrahs croquantes, il oeuvre aussi sur Saint-Joseph avec les vieilles vignes rachetées à son beau-père, sur le lieu-dit escarpé « la dardouille » qui signifie « où le soleil tape ». Pour autant, aucune force dans cette syrah délicate et juteuse à souhait : un plaisir aimable, des tanins fins, une trame digeste, et un degré retranché à 13°. Pur, précis, réjouissant : décidément ce 2021 réserve bien des surprises !
Maison Ogier, Les Marches de Granit, Rouge 2021 -16€ // 90/100. Installé à Châteauneuf-du-Pape, cet acteur important de la vallée du Rhône s’essaie aussi à explorer les terroirs septentrionaux et met un pied à Saint-Joseph. Franc du collier, ce rouge récite un jus frais, délicat, fin, ponctué de petits tanins structurants légèrement accrocheurs et une finale de fine amertume. Le boisé est parfaitement fondu, les grands contenants faisant oeuvre de discrétion et l’on se plaît à envisager cette syrah friande sur une volaille, un lapin en gibelotte ou une côtelette d’agneau aux herbes.
Domaine des Remizières, Rouge 2021 – 20€ // 91/100. Sous les radars, cette adresse ne truste pas toujours les palmarès mais son 2021 est très bien négocié et mérite qu’on s’y arrête, surtout à ce prix. Ne cherchant à extraire plus que le millésime pouvait offrir, ce rouge reste sur un style sage, rond, pulpeux, avec un joli boisé dont l’effet « fûts neufs » (30%) ne surenchérit pas. On apprécie l’amplitude, le rebond, la belle gourmandise de fruit. Une belle entrée en matière et un registre reposant, déjà prêt à titiller une volaille rôtie au jus ou une côte de veau.
Domaine de la Côte Sainte-Epine, L’élégance, Rouge 2021 – 18€ // 89/100. Mikaël Desestret a repris ce domaine traditionnel et ses très vieilles vignes. Il y forge une cuvée classique et efficace, aux tanins fins, légèrement épicée, qui méritera un petit coup de carafage avant de passer à table sur un beau pâté en croûte ou une saucisse de morteau.